L’image du Père Noël est aujourd’hui ternie, dégradée parfois même en raison de la surabondance de soi-disants Pères Noël de pacotille qui surchargent nos magazines et encombrent nos magasins. L’enfance est devenue un « marché » intéressant et le Père Noël fait vendre; c’est ainsi qu’ insidieusement la fête de Noël est récupérée par le matérialisme.

D’où vient la tradition véritable du Père Noël ?

Si Saint Nicolas vient d’un pays du Sud, la Grèce, avec sa mitre et son âne légendaire, le Père Noël, quant à lui, est un habitant du grand Nord. C’est un vieil homme aux longs cheveux blancs et à la longue barbe blanche dont le blanc immaculé fait contraste avec le pourpre éclatant d’une large pelisse; il mène un traîneau tiré par des rennes – les cerfs des pays nordiques – à travers une tempête de neige. Il nous est dit que le Père Noël s’envole avec son attelage, le traîneau bien chargé de cadeaux pendant la nuit de Noël, et se dirige alors vers les maisons des hommes, descendant par les conduits de cheminée pour déposer ses cadeaux dans les bottes disposées à cet effet.

Cette belle image nous dépeint un personnage mythique, c’est-à-dire un être spirituel symbolisé en une puissante imagination par les hommes du grand Nord. Cette tradition a voyagé à travers toute l’Europe pour se propager même presque au monde entier, c’est dire la puissance spirituelle de son origine.

Le Père Noël représente en effet un être qui témoigne d’une spiritualité profonde et mystérieuse, celle des pays du grand Nord, des pays aux immenses nuits hivernales, des pays de neiges et d’étoiles. Ce sont les pays où durant l’hiver le soleil physique se retire pour céder la place au soleil spirituel, invisible pour les yeux mais gorgé de forces d’avenir; le soleil de Noël est tout intérieur, il ne brunit pas la peau mais il réchauffe le cœur.

Le Père Noël, habillé du pourpre de la rose rouge (et du sang artériel humain) parcourt l’espace aux flocons blancs immaculés pareils aux lys (et aussi à la substance blanche du cerveau humain); puis il passe par « la porte étroite » à travers la cheminée, dans la chaleur du foyer, la chaleur du cœur, pour distribuer ses cadeaux dans les bottes des hommes de bonne volonté. C’est une belle histoire que chacun peut raconter à sa manière aux enfants.

La mythologie grecque décrit de son côté le dieu solaire Apollon voyageant sur un char tiré par des dauphins vers le pays du grand Nord, l’Hyperborée, pour y aller puiser forces nouvelles durant la saison hivernale. Des images analogues existent également dans des traditions d’autres pays, d’où l’universalité du mythe du Père Noël, reflet du Père céleste.

Cependant le Père Noël ne doit pas nous faire oublier que l’essentiel de la fête de Noël doit se dérouler aujourd’hui autour du mystère de la Nativité, de la naissance de l’Enfant Jésus, de celui qui deviendra un jour, lors du baptême du Jourdain, le porteur du Christ.

Car le plus beau des cadeaux de Noël et dont tous les autres ne sont en fait que des symboles, celui qui dépasse incommensurablement en grandeur notre vision, c’est l’Enfant divin qui appelle en silence chaque être humain à lui ouvrir son cœur, à faire de son cœur une crèche. Et fêter dignement Noël dans une atmosphère de chants paisibles et pleins de dévotion, c’est ,parmi tous les cadeaux qui font bien entendu toujours grand plaisir aux petits comme aux grands, le plus beau cadeau que l’on puisse faire aux enfants… de tout âge !
C’est le Père Noël, le « vrai » qui me l’a dit !

Michel Lepoivre
publié dans la revue La Vie de l’Ecole de Noël 2000