La discussion de l’âge scolaire reste insignifiante, puisque l’école de vie commence beaucoup plus tôt qu’à quatre ou à sept ans et dure toute une vie.
par Thomas Marti

La scolarisation la plus importante commence quand l’enfant s’incruste dans le ventre de sa mère ; où se trouve le premier milieu de formation où tous ces moments se passent qui organisent, ressourcent et forment l’enfant. La naissance ensuite revient à une deuxième scolarisation, lors de laquelle l’enfant affronte davantage le monde physique et social. C’est à partir de là qu’il apprend à garder son équilibre, à se mettre debout et à marcher, à parler et à échanger avec autrui. Ce processus de formation l’amène à un savoir et forme le corps et ses organes ainsi que ses capacités à percevoir et à s’exprimer. Les transformations de l’enfant ne sont pas un programme biologique, mais le résultat de la volonté individuelle de l’enfant. L’enfant se forme soi-même dans la pratique, dans des activités variées de mouvements qui résonnent avec le monde réel. Les bases que l’enfant s’apprivoise pendant les premières années de sa vie lui donnent un savoir inconscient immense. Quand il apprend par exemple à se balancer ou à prendre des virages avec sa trottinette, il maîtrise déjà quelques leçons en physique, mais son savoir se trouve comme expérience de vie dans le corps et non pas dans la tête. L’école de vie que l’enfant fréquente depuis sa naissance connaît une seule discipline: jouer. Jouer est la matière principale qui transmet une panoplie de compétences comme l’initiative, le dévouement, la persévérance, la patience, la créativité… et le comportement social. Jouer forge la personnalité et est une prévention de tous genres de dépendances. Le libre jeu permet de se trouver soi-même, d’exprimer sa volonté individuelle de devenir une partie autonome d’un monde libéré de contraintes. Jouer est quel- que part une technique archaïque pour se cultiver. Dans notre société nous accordons le droit de jouer aux petits, mais aux grands ? Jouer aux places de travail ? L’enfant, jusque là, pouvait encore jouer dans l’école enfantine mais moins dans la «vraie» école. L’initiation scolaire prend maintenant lieu à quatre ans et pousse l’enfant déjà après la deuxième classe à prouver certains standards de sa formation, ce qui nous rapproched’uneuniformisation. Georg Zenkert, professeur en pédagogie à Heidelberg, appelle ces réformes suite à l’étude PISA «une barbarie à haut niveau» puisqu’elles s’éloignent de la libération de l’homme. La question se pose alors: Est-ce que nous devrions nous réjouir pour les enfants qui sont scolarisés tôt ou est-ce que nous devri- ons les défendre?

Résumé d’article de Thomas Marti
publié dans Der Schulkreis 4/06, page 5
Résumé par : Irène Zumsteg