1861-2011 – CE QUE NOUS DEVONS À RUDOLF STEINER
par Jean-Pierre Pralong

Dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, que doit-on à Rudolf Steiner ?

Rudolf Steiner a donné un cycle de de conférences en 1924, en réponse à la demande d’une vingtaine de personnes qui travaillaient dans une institution, en Allemagne, et lui demandaient comment prendre en charge les handicapés (qu’on évite maintenant d’appeler ainsi). Ce genre d’institutions était alors récent, les premières dataient du tournant du siècle. Le courant darwiniste y prédominait. On considérait qu’il fallait tenir les handicapés à l’écart, loin des villes, et éviter qu’ils se reproduisent, jusqu’à les stériliser de force. Et on se contentait de les laisser vivre, on ne leur accordait pas de prestations particulières. Steiner, en disant que ces personnes ont une raison d’être et droit à une autonomie, était un précurseur. Depuis, les mentalités ont changé. On considère que ces personnes ont droit à des prestations, et à une vie aussi proche que possible des personnes « normales ».

Qu’est-ce qui distingue encore les institutions anthropomorphiques ?

Elles considèrent les pathologies plus globalement, et essayent de traiter leurs causes, plutôt que leurs symptômes. Elles utilisent des outils proposés par Steiner, comme les polarités, les quatre corps qui nous constituent, la biographie humaine avec ses rythmes.

Comment peut-on mesurer la justesse des idées de Rudolf Steiner ?

Les institutions anthroposophiques ont toujours du succès, elles sont reconnues, elles se développent. Ce succès vient aussi des parents, qui ont la liberté de placer leurs enfants où bon leur semble. Et la majorité de ces parents ne sont pas anthroposophes.

Quel impact a-t-il au-delà des institutions qui s’en inspirent directement ?

Les autres institutions n’appliquent pas directement les méthodes anthroposophiques – même s’il y a quelques cas où l’on emploie l’eurythmie curative. Mais beaucoup d’éducateurs fréquentent l’Ecole sociale de Lausanne, issue du mouvement anthroposphique. On y parle de la biographie, on y parle de l’homme quadripartite, et elle attire beaucoup d’étudiants.

Jean-Pierre Pralong
éducateur spécialisé à La Branche (Savigny)
publié au printemps 2011 dans la revue entr’écoles (journal des écoles Rudolf Steiner de la Suisse Romande #7)