Le temps de la peindre dans le bassin tristement gravoyeux de Derborence, elle faisait mousser, ce soir, des bleus ensorceleurs…

Oserai-je noyer leur mystère dans l’encre de ma plume ?

La lumière de la montagne ! Les sommets, ce soir, exaltaient sa gloire en la multipliant sur les miroirs flamboyants de leurs facettes rocheuses…

Sur la pointe de ma plume, que restera-t-il de ses fulgurants portraits que, le temps de la peindre, elle me fit voir ?

Je vous le demande:
Faut-il vraiment dé-peindre ce qui a été peint ?

C’est que nous avons peint en montagne, en effet, Cyrille, Romain, Olivia, Rosanne, Michael, Timothée, Marlon, Clotilde, Paul, Simon, Christiane Romang et moi-même.

La lumière de la montagne ! Le dernier après-midi de mai et les deux premiers jours de juin qu’aura duré notre escapade, le ciel aura été assez clément pour nous la faire voir splendide, certes, et fulgurante mais amicale et bienveillante aussi : entre la Barboleuse, Anzeindaz, le pas de Cheville, Derborence et Ardon, aucune goutte pour exagérer le chaos créatif de nos palettes improvisées. Le ciel aura retenu ses larmes jusqu’à notre montée en train !

Les pieds, autant que les pinceaux, auront été agiles. Quand il s’agissait de marcher, ils disaient: « facile ! »… mais quand je suggérai un bilan que cette brochure puisse contenir, ils ont eu l’air de dire: faut-il vraiment dé-peindre ce qui a été peint ?

Ne serait-ce que sous la forme indigente de ces quelques lignes, je me suis dit que, somme toute, la question valait la peine de vous être transmise… Peut-être y repenserez-vous quand vous vous trouverez sous le coup du silence fracassant de la beauté des montagnes.

Alain Klockenbring
publié dans la revue La Vie de l’Ecole de la St-Jean 2001

Paul Walther - 11e

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