Photo prétexte: personne buvant du vin et remplissant de nombreux bulletins de lotterieEn 2013, a eu lieu une conférence sur les addictions, donnée par le Dr Vibert, pédiatre à Lausanne, et des éducateurs de la fondation la Clairière:  je voudrais vous partager quelques réflexions qui m’ont touchées.

Le plus souvent les comportements addictifs remplissent un vide ou remplacent quelque chose. Il suffit de regarder en nous, dans nos comportements du quotidien: consommation d’alcool, ordinateur, ou… chocolat… ;-)

On peut déjà suspecter chez des petits une fragilité et une tendance  à une éventuelle future addiction: souvent des enfants peu dans leur corps, avec peu d’estime d’eux et peu d’autonomie. En pédagogie on note aussi que les enfants ayant un « sens de la vie » perturbés sont à risque.

Le Dr Vibert nous a présenté les facteurs de risques de la consommation de substances chez les jeunes, ainsi que les facteurs protecteurs: par exemple des études ont montré que le fait de communiquer et toujours garder le lien avec l’enfant était une chose très importante, ainsi que les repas pris en famille, tous autour de la table; cultiver chez l’enfant une dimension religieuse (lien avec une dimension supérieure).

Une piste proposée est de regarder toujours le jeune avec curiosité: « Qui est mon enfant? » ; « Que veut son être profond sur cette terre? »

J’ai d’ailleurs discuté avec une maman de 3 grands ados en parlant de mes craintes d’avoir un jour 4 ados à la maison. Elle m’a dit que elle avait trouvé cette période magnifique… de voir émerger qui sont vraiment ses enfants, de pouvoir être là en tant qu’adulte, le plus vrai et authentique possible face à eux, de débattre avec eux des idéaux et du sens de la vie…

M. Faes a aussi relevé le fait de garder confiance en la force du jeune.
Face à un monde qui pousse à la consommation tous azimuts (la vente d’alcool aux moins de 16 ans rapporte 150 mios de francs par an en Suisse!), face aux possibles incitations négatives des pairs que côtoient nos enfants, c’est à nous de transmettre, informer et répéter les risques et dangers au sujet des substances (alcool, cannabis, drogues…). Nous devons le faire avec cohérence (fais ce que je dis, et comme je le fais), insistance, tout en renforçant leur confiance en eux, leur capacité à se positionner face à ces risques.

Dans la 3e septaine, nos enfants voudront sans doute braver le monde,  expérimenter et tester des substances, voire d’autres comportements à risque…. C’est aux parents à être là, à « vérifier » ce qui se passe, à poser et maintenir le cadre et les interdits….

On revient toujours au fait que chaque enfant est unique, et que c’est à nous d’être très attentifs, de flairer s’il se passe des choses suspectes, de ressentir s’il s’éloigne des amis, s’il perd le plaisir aux activités, s’il se replie sur lui…

Ne jamais hésiter à consulter ou demander de l’aide, si l’on sent que cela va trop loin, qu’on se sent dépassé ou mal à l’aise avec les comportements de notre enfant: mieux vaut s’alerter une fois de trop tôt que de pas assez.

Quoiqu’il en soit, l’enfant avance sur son chemin, traverse ses crises (les crises de 3,6,9,12,15,18 ans!!!), et les parents ne peuvent qu’avancer aussi dans leur propre vie. Pour certains d’entre nous, bloqués encore à l’adolescence, le Dr Vibert nous a rappelé que nos enfants nous obligent à devenir de vrais adultes.

Je retiens aussi les 10 conseils aux parents d’ados, mais valables déjà pour nos petits:
• Etre un modèle cohérent
• Admettre ses torts
• Répondre honnêtement
• Préserver l’identité personnelle de l’enfant
• Insister sur l’essentiel et non sur les détails
• Relever ce qui va, les qualités, communiquer l’approbation
• Accepter ses copains
• Lui laisser le droit de se tromper
• Discuter des thèmes inconfortables, obtenir et garder le lien à tout prix
• Consacrer du temps à l’enfant, même si « ça va »…

Le maître mot pour les parents d’ados: agir et supporter… tout un programme!

Le Dr Vibert a conclu par le fait que les enfants de l’Ecole Steiner étaient peut-être mieux armés que d’autres face au monde extérieur et à ses nombreuses tentations, du fait de la pédagogie qui permet de renforcer le « Moi », de laisser émerger leur personnalité et désirs propres, et d’ancrer leurs pieds dans la Terre.

Fondation la clairière pour ados et jeunes adultes en difficulté:  www.la-clairiere.ch