En troisième année (5e harmos), à un âge où l'enfant se rend compte de son individualité par rapport au groupe, le programme scolaire prévoit la fabrication d'une maison. L'enfant construit sa maison, dans tous les sens du terme.

En troisième année (5e harmos), à un âge où l’enfant se rend compte de son individualité par rapport au groupe, le programme scolaire prévoit la fabrication d’une maison. L’enfant construit sa maison, dans tous les sens du terme.

Une élève du Collège du Sud, à Fribourg, Sandra Marinkovic, a décidé de consacrer son travail de maturité aux avantages et inconvénients de l’enseignement sans notes. Frédéric Faes, maître de forge et professeur dans les grandes classes, a répondu à ses questions. Nous reproduisons quelques unes des questions-réponses dans ce billet.

Est-ce que le système du harmos est pratiqué dans votre école? si non, qu’elle système pratiquez-vous?

La communauté des Ecoles Steiner de Suisse a décidé, mais de façon libre, avant l’introduction officielle du système Harmos, d’organiser dans ses écoles des épreuves «Harmos de notre cru» pour qu’elles soient compatibles avec notre démarche pédagogique.

Celles de la neuvième année (11e année harmos) sont des tests de niveau comparables à l’école officielles mais compétés

  • par la présentation de deux rapports détaillés d’ateliers ou cours d’art
  • par un entretien avec l’élève et ses parents.

Pour la sixième (8e harmos), une partie de l’épreuve est semblable mais l’essentiel et la façon de noter est très différente, nos élèves n’étant notés qu’à partir des niveaux supérieurs.

L’épreuve des deuxième (4e harmos) est quant à elle totalement différente.

Etant donné que le redoublement n’est pas utilisé, quelles sont les règles appliquées lorsque l’élève rencontre de grandes lacunes scolaires?

C’est un des point qui demande le plus d’investissement de la part des enseignants: trouver la solution individuelle favorable, spécifique à l’élève en question. Les échanges entre collègues au sujet d’un enfant sont monnayes courantes. Nous avons des temps de travail, entre enseignants, réservés chaque semaine pour ce genre d’activité, où nous nous penchons sur des cas d’élèves en difficultés et cherchons les meilleurs chemins. Il arrive que pour le bien de l’élève nous ne nous sentions plus compétant pour l’accompagner et nous cherchons, en collaboration avec les parents le bon choix, hors de l’école, qui conviendra à leur enfant.

Une fois, en plus de trente ans nous avons pris la décision de permettre à une élève de « descendre » d’une année. Ce n’était pas une question de connaissances et d’acquis. Elle était un peu jeune en comparaison de ses camarades, elle passait tout son temps de récréation avec les élèves de la classe d’en dessous. L’enseignante la sentait, chaque fois que les camarades de classe faisaient un pas de développement alors qu’elle venait d’arriver à être à l’aise avec ce qui se passait dans le contexte, juste dépassée. Comme si elle avait, en permanence, toujours le nez au raz de l’eau et que la nouvelle vague lui faisait perdre le souffle.

Comment faites-vous pour constater ses lacunes? Sur un plan comparatif des élèves de son âge ou en observant son propre développement au fil des années?

Tous les deux. Son développement personnel est le premier point pris en compte pour arriver à découvrir ce qui l’empêche de progresser, voir dans quelle mesure ceci peut s’estomper dans et grâce à notre pédagogie. Lui faut-il un appuis spécifique, un accompagnement thérapeutique adéquat ou d’autres éléments à notre disposition. Ceci est toujours fait en accord et en contact avec les parents.

Il est évident que le chemin à parcourir durant telle ou telle phase de la scolarité nous est connu et que, si possible, la globalité de la classe doit l’avoir parcouru. Les différence tiennent essentiellement dans l’aisance à appliquer ce qui est vu et compris. Il faut remarquer que nous n’avons pas de sélection. La classe est composée de scientifiques, de littéraires, d’artistes, de praticiens… et c’est en permanence une acrobatie de jouer avec ces différents niveaux mais aussi d’en profiter pour des collaborations entre élèves. Ceci est utilisé pour leur permettre de réaliser que la vie est faite de différences et que c’est ceci qui la rend riche. Il est souvent utile d’être aidé par la difficulté de l’autre pour pouvoir soi même avancer. Sa question nous permettant d’affiner notre compréhension.