Dans leur cheminement pédagogique, les élèves des grandes classes ont l’occasion de participer à divers camps ou stages.

En neuvième, un camp forestier d’une semaine permet aux élèves de prendre contact avec quelques réalités de la vie multiple et subtile de la forêt. Ils abordent aussi les soins que l’homme apporte à la forêt pour pouvoir exploiter une des ressources qu’elle nous offre, le bois.

La dixième classe consacre une semaine à se plonger dans un haut lieu de l’art pour observer le chemin parcouru par l’humanité à la Renaissance, c’est le camp de Florence.

En onzième classe, nous demandons aux élèves de faire un stage «industriel», de travailler, si possible, dans une entreprise qui transforme la matière: d’être confrontés au monde des travailleurs, à une autre époque nous aurions dit au prolétariat.

Les élèves de douzième classe ont consacré deux semaines à un stage social. Ils cherchent par leurs propres moyens une institution qui les accueillera. Seule une lettre d’accompagnement fixant les dates et les conditions d’assurance, leur est fournie par l’école.

Cette année la diversité des institutions et des lieux était intéressante: maternité, hôpital ophtalmique, crèche, jardin d’enfants, garderie, pédagogie curative pour enfants ainsi que pour adultes, classe à effectif réduit dans une école Steiner, établissement médico-social et institution de fin de vie. La plupart des élèves firent leur stage dans le canton de Vaud mais aussi le Tessin, l’Allemagne, la Grèce, le Canada ainsi que la Nouvelle Zélande virent venir l’un de nos élèves.

Après le stage nous avons consacré en classe quelques heures à un échange où les élèves ont décrit ce qu’ils ont fait, les conditions de travail et comment ils ont vécu cette expérience. Une phrase… quelques mots… ayant une autre tonalité firent apparaître que chez certains d’entre eux ça les « travaillait » à un autre niveau. La fin de la troisième heure de partage permit d’effleurer certains de ces sujets:

Quel sens donner aux mots «rendement», «efficacité» et «temps» dans ce genre de travail?

Que l’on rencontre ici ou aux antipodes des petits dans un jardin d’enfants, les demandes, les attentes, les exigences finissent par être très semblables.

Peut-on mettre une camisole de force, ou attacher un protégé à son lit durant la nuit?

Jusqu’où mener les soins ?

Mais bien évidemment apparurent aussi les deux questions suivantes: Pourquoi ce stage ? Pourquoi le rendre obligatoire?

C’est seulement à ces deux questions que j’esquisserai une réponse: peut-être, seulement, pour pouvoir se faire les remarques et poser les questions qui précèdent…

Frédéric Faes
publié dans la revue La Vie de l’Ecole de Noël 2000

 

Stage social au jardin d’enfants

Je vais commencer par vous raconter ce qu’est une journée dans le jardin d’enfants de Carnagie (arrondissement de Melbourne, Australie): en tant qu’assistante-enseignante, j’étais tenue d’arriver à 8h15, une demi-heure avant les enfants pour faire toutes ces « petites choses » qui préparent la journée… les enfants viennent s’asseoir en rond avec nous sur le « grand tapis ». Nous chantons, disons quelques poèmes et comptines, puis il y a un moment de jeux à l’extérieur, où ils sont « presque » totalement libres de faire ce qu’ils veulent… nous rentrons tous prendre le goûter… les enfants lavent leurs assiettes et peuvent jouer à l’intérieur. Avant l’arrivée des parents (à 12h15), les enfants, aidés des enseignantes rangent la pièce puis ont droit à une petite histoire et enfin se préparent et attendent que les parents viennent les chercher.

Les enseignants ont une petite pause jusqu’à 13h lorsque le 2e groupe d’enfants arrive et que tout recommence…

J’ai énormément apprécié ces deux semaines de rencontre autant avec les

enseignants qu’avec les enfants eux-mêmes et même, de temps en temps, les parents.

Chaque enfant demande beaucoup de soins, d’attention. Leur chanter des chansons, leur apprendre des comptines, les voir si réceptifs et, la seconde après, courir dans tous les sens en hurlant, m’a fait comprendre qu’avec les enfants rien n’est jamais acquis. Mais de ce fait ils sont toujours ouverts aux nouveautés.

Je me sentais vraiment intégrée à ce jardin d’enfants avec ces deux groupes de vingt enfants chacun.

L’approche des petits demande plus de patience, d’imagination et d’initiatives, car ils ne disent pas tout, mais ils sont également plus influençables: il est donc plus facile de faire de la discipline avec eux.

Les plus grands sont plus mouvementés, plus bruyants, mais il est plus simple d’avoir un vrai contact, car ils parlent plus volontiers.

Il m’est arrivé à plusieurs reprises de ne pas savoir comment aborder un enfant alors que je voyais très clairement qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas: il était tout seul dans un coin à ne rien faire et à ce moment-là le premier pas était le plus difficile. Je me suis toujours bien fait accueillir car ils avaient confiance en moi et quand ce fut le moment de les quitter à la fin de mon stage, ils ne pouvaient pas comprendre…

Ce fut vraiment une merveilleuse expérience !

Aliénor Bonnard

Stage social à Perceval

J’ai fait mon stage social à la fondation Perceval à St-Prex. Je fus « accueillie » dans la maison Blanche-Fleur. Cette maison héberge onze enfants de 8 à 12 ans avec toutes sortes d’handicaps différents.

Le déroulement des mes journées:

A 7h, nous réveillions les enfants en chantant, puis nous les aidions à se préparer. J’étais dans un groupe de quatre filles relativement autonomes 

Donc il s’agissait surtout (pour moi) de « superviser » une fille, de 11 ans, qui s’habillait toute seule, mais qui avait tendance à mettre son pull à l’envers ou d’autres petites spécialités rien qu’à elle !

A 7h30, petit déjeuner. Puis préparation pour le départ à l’école. Changer les draps (pour les enfants qui participe « activement » à la jolie surnommination par les quelques éducateurs de Blanche-Fleur: « La maison du PIPI ! »)

9h: l’école.
J’accompagnais les enfants de la quatrième classe. C’est une classe de 10 enfants dont seulement 3 peuvent effectuer les exercices (bricolages, mouvement, cahiers, etc. …) seuls. Donc nous étions en permanence un à cinq éducateurs (ou stagiaires) dans la classe. Je me suis, une fois, retrouvée seule dans la classe: c’était… « vivant », j’ai appris à… ne plus savoir où donner de la tête !

A 10h30, ils ont une pause d’une demi-heure, où ils rentrent chacun dans leur maison respective pour boire et manger quelque chose.

Puis les cours reprennent jusqu’à 12h.

Pendant les repas le travail continuait pour moi. Faire attention au langage (« point » valable toute la journée !), à ses gestes. Pour moi manger à Blanche-Fleur fut un apprentissage. Dès leur arrivée à Perceval, on demande aux enfants un grand respect et une grande politesse vis-à-vis de l’autre. Ils apprennent également à manger calmement en faisant des pauses, etc. …

Après le repas, c’est le moment de la sieste (moi je faisais la vaisselle, point que je tiens à souligner !).

Là, en général, j’arrivais à avoir une bonne demi-heure pour moi.

A 14h30, c’est le réveil des enfants (rechangement du lit pour certains !). Et à 15h, retour à l’école pour les ateliers ou autres activités. Normalement l’après-midi la classe se divise en petits groupes, qui font différentes choses selon leurs capacités.

17h: fin des cours, retour à la maison. Bricolages, musique (pour certains). Enfin, activités diverses pour chacun, jusqu’à 18h30: « Déjà, le gong a sonné, amis il faut se préparer…! (Réponse des enfants à la sonnerie du gong !)
Après le souper, c’est le pyjama, les dents et … dodo !

« Ouf » (cri de l’éducateur !). Pour nous, la journée se finit par une « majestueuse » vaisselle collective (ainsi que la garde qui se fait à tour de rôle jusqu’à 22h30).

Voilà pour mes journées ! (Je précise qu’il s’agit des journées d’école, les journées comme le jeudi, samedi après-midi et dimanche sont différentes !)

Pour ce qui est de mon expérience, je dois dire qu’elle a été magnifique et très enrichissante. Je me suis sentie extrêmement bien à Perceval en général. J’en profite d’ailleurs pour remercier tous les éducateurs et tous les professeurs, qui m’ont vraiment laissé des responsabilités et qui m’ont fait confiance. Et tous les enfants qui m’ont acceptée, écoutée, fait confiance et avec lesquels j’ai énormément appris.

La seule frustration que j’ai eue fut celle de devoir les quitter après seulement deux semaines !!!

Pour moi, en tous cas, c’est une expérience, non seulement que je referai mais que j’approfondirai.

Merci à tous ceux qui ont permis ce stage !

Maora Bellini