Quand la Finlande adopte une réforme scolaire, tout le monde s’y intéresse : c’est le pays modèle de l’éducation selon les études PISA. Ça nous intéresse d’autant plus que sa pédagogie publique, plus orientée vers le développement personnel, se rapproche un peu de celle des écoles Steiner. Mais là, d’un coup, elle s’en éloigne : dès la rentrée 2016, comme le rapporte 24 heures en Une ce jeudi, les écoliers finlandais n’apprendront plus l’écriture liée mais la forme dactylo. Même tendance qu’aux Etats-Unis, où une réforme entrée en vigueur en 2013 a abouti à l’utilisation des caractères d’imprimerie dans 45 des 50 Etats du pays.

Et en Suisse ? Le quotidien vaudois a eu la bonne idée d’interroger plusieurs responsables pédagogiques, et la tendance générale est au maintien de l’écriture liée. « Culturellement, on est très attaché au travail de motricité fine de l’écriture, qui engage l’entier du corps », dit par exemple Serge Martin, à la Direction générale de l’enseignement obligatoire. « Lorsqu’on écrit à la main, on construit une mémoire visuelle, tactile et kinesthésique. Le tout forme une mémoire orthographique. Le geste manuel rappelle le mouvement des mots qui s’écrivent avec -en et -an, le clavier non », explique Loyse Ballif, formatrice d’enseignants à la HEP Vaud. Mais l’argument principal, manifestement, c’est la peur de l’inconnu : « En réalité, on ne sait pas ce que c’est que de passer dès le départ de l’oral à l’écrit par le clavier, ajoute Loyse Baillif. Aucune génération d’élèves ne l’a encore fait. En Suisse romande, on ne veut pas prendre ce risque. »

Alain Maillard

Lien vers l’article du 24 Heures