Portrait de Christian Breme

Pour parler des relations, Christian Breme manipule volontiers deux matriochkas qu’il a peintes. Elles l’aident à exprimer les différentes couches de notre être – l’âme, le corps, les aspirations créatrices – de même que la part de l’autre sexe en nous.

Parler de sexualité à nos enfants n’est pas qu’une affaire de timing (à quel âge peut-on leur dire quoi ?). Ou de renseignements pratiques et autres recommandations. C’est toute une conception de la relation humaine, subtil équilibre entre la découverte de soi et la recherche de l’autre qui est en jeu. C’est à cet élargissement de l’horizon que Christian Breme nous a emmené au cours de ses conférence à l’école, traduites de l’allemand par nos enseignants. Un beau succès : 35 participants samedi matin , près du double vendredi soir.

Trop souvent, l’éducation sexuelle se contente des aspects physiologiques et anatomiques ; il faudrait insister sur la dimension psychologique et biographique. Savoir comment dire non, décider pour soi-même de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas, est aussi précieux que de saisir les bouleversements hormonaux. Pour aborder le plaisir sexuel, par exemple, il serait regrettable de se limiter à la part provenant de stimulations nerveuses. Et si ce plaisir provenait, aussi, de notre besoin de liens, de partage, de cette nostalgie d’une fusion parfaite, vécue dans le ventre maternel ou pendant la nuit quand toutes les âmes se mélangent dans le cosmos ? Chez les aborigènes d’Australie, un être en devenir ne peut prendre place dans le ventre de la mère que si les parents ont préalablement rencontré le jallala (âme de l’enfant ?). Christian Breme mène une étude sur les rêves  » prémonitoires  » des futurs parents qui pourraient correspondre à la rencontre du jallala des aborigènes.

Dans l’école Steiner de Bâle où il exerce, les cours d’éducation sexuelle (plutôt physiologique) sont donnés en 8e classe par les médecins de l’école, une femme et un homme. La femme répond aux questions préparées par les filles – en présence des garçons. Et l’homme aborde les interrogations masculines – sous l’oreille attentive des filles. Les deux spécialistes se partagent ensuite les questions mixtes, confiants en l’expertise de chacun. Le message le plus important est là, souligne-t-il : qu’on puisse aborder tous les sujets dans le respect et la compréhension de l’autre

Mais ne disons pas tout à nos enfants.  » Ils ont le droit de faire leurs propres découvertes. » Evitons en particulier de contredire les récits qui leurs étaient contés dans leurs premières années. L’anthroposophie postule une origine céleste: l’enfant descend des étoiles, d’où il a sélectionné un couple de parents dignes de lui offrir un corps pour son existence terrestre, jusqu’à organiser la rencontre de ses futurs parents, selon Christian Breme. Lorsque l’enfant de huit ou neuf ans demande à son parent d’où il vient « vraiment », la version métaphorique tient toujours mais il est temps d’y ajouter des explications physiques, de manière imagée afin d’éviter les réactions de dégoût, mais sans déjuger la première version.
Bien d’autres sujets ont été évoqués: l’importance d’apprendre à supporter le manque, la distance physique dont on a besoin pour se sentir respecté; nos corps éthériques qui, selon Steiner, sont toujours de l’autre sexe; etc.

Délégué à la prévention par le cercle de travail des Ecoles Steiner suisses, afin de partager ici et là ses observations, Christian Breme repassera sans doute par chez nous afin de prolonger la discussion, à travers des ateliers et des échanges.

Compte-rendu des conférences de Christian Breme sur une sexualité saine, les 7 et 8 février 2014

Texte: Alain Maillard et Florence Perret

Site de M. Breme : www.ikaros.cc (en allemand)