Entre le 15 et le 17 mai (2002), les élèves des classes 9 à 11 ainsi que les volontaires de la 12ème ont pu vivre une activité extraordinaire d’un à deux jours. Ils avaient les choix suivants:

– marche en montagne et peinture
– du désert à la forêt
– astronomie et biodynamie
– engagement dans la politique locale
– travail sur le site

Suite au choix de chaque élève , des groupes interclasses de 12 à 15 élèves ont été formés pour l’une ou l’autre de ces activités.

Le « travail sur le site » avait un statut particulier. Les élèves qui ne savaient que choisir ou ceux qui, malgré une réservation de ces dates dès le début de l’année scolaire, n’étaient pas libres après la fin de leur horaire habituel, ont consacré leur matinée du vendredi à l’entretien du pavillon du réfectoire sous le pinceau avisé de Monsieur Company. Là le plaisir de l’observation n’est pas réservé aux seuls élèves des grandes classes, mais à toutes personnes passant sur ce lieu.

L’ « engagement dans la politique locale » organisé par Monsieur Moussu s’est déroulé selon un horaire particulier. Avec une avance de deux semaines sur le début du travail des autres groupes, les participants avaient déjà assisté à une séance du conseil communal de Morges. Le lendemain, un échange a eu lieu avec Monsieur Gilles Dubochet, un ancien élève de l’école qui fait partie de ce conseil. Là, les élèves montrèrent un grand étonnement face à l’importance de l’engagement bénévole. Ils furent aussi frappés par l’importance attachée à la prise d’une décision. Lorsqu’un vote aboutit, la décision est relue par le président et elle a force de loi. Le fait que l’on ne puisse pas revenir en arrière et recommencer la discussion les a beaucoup surpris.
L’observation suivante se passa lors de l’adoption définitive du texte de la nouvelle constitution vaudoise. Ce fut une séance très solennelle, au collège d’Echallens. Tous les textes de cette nouvelle constitution furent relus et approuvés, seul le commentaire de l’un d’eux fut amendé.
La troisième observation se déroulera après la rédaction de ce texte, mardi 11 juin. Les participants assisteront à une séance du Grand Conseil vaudois qui sera suivie d’un entretien avec monsieur Glatz, membre de ce Conseil.

L’ « astronomie et la biodynamie » a débuté le jeudi soir. Nous sommes partis de l’école en bus à 20h. Puis, ayant déjà préparé nos affaires pour la nuit dans le foin mis à disposition par Monsieur Andréas Baumgartner, paysan à la ferme de La Branche et ancien élève de notre école, nous nous trouvâmes à pied d’oeuvre vers les 21h 30 pour débuter l’observation du ciel. Le retour eut lieu le vendredi soir très tard après une nouvelle observation astronomique. Les élèves furent déposés par petits groupes près de chez eux le long du chemin entre Savigny et l’école. Je profite de ce texte pour remercier encore Monsieur Baumgartner pour sa disponibilité.

 Les textes suivants sont tirés des travaux de Olivia W., Mirjam A., Christa S., Gilles W.—10ème classe

Nous sommes arrivés vers 20h45 à La Branche près de Savigny. Il était prévu que nous passions deux jours dans ce petit « village ». Juste après notre arrivée nous pouvions nous installer dans le grenier à foin de la ferme. Ensuite nous avons pris nos jumelles, sommes allés aux champs pour observer la lune (le croissant) et les étoiles magnifiques.
Nous avons observé le ciel depuis la tombée de la nuit jusqu’à 24h00. C’était vraiment impressionnant ! Nous avons passé une superbe nuit dans le foin et le lendemain un petit déjeuner de la ferme nous attendait.


Jeudi soir 21h30

Les deux premiers astres étaient « Vénus » et « Jupiter ». La distance entre eux était la grandeur de ma main. La distance entre Jupiter et la lune était deux pouces. La lune était dans les Gémeaux.
On a très bien vu le Lion :
Vendredi soir il y avait des nuages et on ne pouvait pas voir beaucoup d’étoiles. La distance entre Jupiter et Vénus était presque la même que jeudi soir, mais la distance entre la lune et Jupiter est devenue plus grande. Maintenant les Gémeaux étaient au-dessous de la lune. Nous avons aussi vu le Lion, mais il était plus faible que jeudi soir, à cause de la lumière de la lune.


Dans l’agriculture, on rencontre trois manières différentes de cultiver et de s’occuper de la terre.

  • Agriculture classique (ou intégrée) : traitement chimique à grandes doses, nourriture de la terre artificielle.
  • Agriculture biologique : souvent même façon de concevoir l’agriculture, mais tout en mettant des produits naturels et moins violents.
  • Agriculture biodynamique : l’agriculture biodynamique est une toute autre approche de l’élément terre. Tout d’abord on essaie de favoriser la régénération de la terre par elle-même (avec l’aide des bactéries). On aide ces phénomènes à s’accélérer et à se dynamiser, on prend en considération les forces telles que la lune et les planètes lors de leur passage dans les diverses constellations du zodiaque. On essaie aussi de garder un équilibre dans les espèces vivantes : tels que les insectes, les bactéries, et les micro-nourritures, pour avoir besoin d’intervenir le moins possible avec des produits qui dérègleraient l’écosystème et qui finiraient par créer un cercle vicieux.

Première prairie:

Ce terrain est non-traité et vert foncé. Cette couleur a l’effet de quelque chose de fort, de vivant. Cette prairie est pleine de couleurs.
Vert—herbes des champs
Jaune—arnica sauvage, pissenlit, bouton d’or
Rouge—l’oseille
Blanc—pâquerette et narcisse
Bleu—pervenche
Violet—primevère, trèfle

Toutes ces plantes fleurissent dans une immense diversité—c’est incroyable ! Ici les fleurs font un effet d’énorme fraîcheur. Il y a beaucoup d’abeilles, de moustiques et d’insectes. En plus il y a une grande quantité d’herbes au fondement.

Deuxième prairie :
Sur ce terrain qui est traité et engraissé se trouvent vraiment peu de fleurs par rapport à la première prairie.
Le vert principal est clair et la couleur est très mate. Le champ semble mourir.


Premier champ: ~ 60 kg d’engrais chimique par hectare
Il y a environ 480 épis par mètre carré. Il y a environ 3 à 4 épis par graine. Les graines sont assez espacées entre elles. Il n’y a pas beaucoup de mauvaises herbes. La couleur est assez claire. Le champ a été traité avec différents produits (désherbage, champignons et un peu plus tard il sera traité avec des insecticides). Le champ est assez sec !

Deuxième champ : ~ 120 kg d’engrais chimique par hectare
Il y environ 560 épis par mètre carré. Ce champ est très compact. Et même avec la chaleur qu’il a fait il est toujours humide à cause des dernières pluies. C’est à cause de cette humidité que des champignons peuvent apparaître entre les épis. Il faudra donc le traiter au fongicide et à l’insecticide. Ce champ est plus développé que le premier. Il est aussi traité et a encore moins de mauvaises herbes. La couleur est plus foncée que celle du premier champ. On peut voir que la verdure est en pleine croissance.

Troisième champ : ~ 45 kg d’engrais naturel et dispersion de préparations dynamisées.
Il y a environ 320 épis par mètre carré. Les épis sont très espacés comparés aux deux autres champs. Les tiges des épis sont très fines et la couleur correspond à peu près à celle du premier champ. Ce champ est un champ bio. Il y a peu de mauvaises herbes. Il est assez sec et on dirait qu’il est fragile.

 

Fleurs d’une prairie biodynamique Voici quelques espèces de fleurs trouvées dans un champ biodynamique. Il y en a bien plus, nous  avons trouvé environ 27 différentes espèces.

Fleurs d’une prairie biodynamique
Voici quelques espèces de fleurs trouvées dans un champ biodynamique. Il y en a bien plus, nous avons trouvé environ 27 différentes espèces.

Fleurs d’une prairie non-biodynamique Ces quelques plantes sont dans un champ non biodynamique. Il y a dans ce champ environ 15 différentes espèces de fleurs. Les dessins sont tirés des travaux de Janika S. 10ème, Mirjam A. 10ème, Joshua T. 9ème

Fleurs d’une prairie non-biodynamique
Ces quelques plantes sont dans un champ non biodynamique.
Il y a dans ce champ environ 15 différentes espèces de fleurs.
Les dessins sont tirés des travaux de Janika S. 10ème, Mirjam A. 10ème, Joshua T. 9ème

Le groupe « du désert à la forêt« , organisé et mené par Madame Vaudois et Monsieur Perret-Gentil. Il pourrait s’intituler aussi: du bord du lac, fortement occupé par l’habitat et par les cultures intensives à la lisière de la forêt, ou encore: traversée de la cour devant la maison, entre le mur, à l’abri de la pluie, et le pré bien arrosé.

Les textes suivants sont tirés des travaux de Nicolas L. 9ème, Joana L. 10ème, Elvira K. 10ème

Vendredi 17.05.02
Nous sommes arrivés à la Coudre au-dessus de Grandson, Yverdon.
Nous nous sommes ensuite promenés sur la propriété où on a observé les différents niveaux de végétation. La roche nue, la prairie, les bosquets, les arbres => l’enfant, l’adolescent, l’adulte.
Observation des stratégies des différentes plantes. Les plantes grasses par exemple qui contiennent énormément d’eau. Les feuilles avec des poils, ou encore le fait que des plantes soient regroupées : l’union fait la force.

En passant, nous avons aussi vu quelques rochers posés sur la prairie. Ce sont les blocs erratiques qui nous viennent du glacier du Rhône qui avait une fois recouvert la vallée. Ils sont en granite. Par contre, la roche mère de la propriété est du calcaire et l’on distingue ces deux roches grâce à la mousse qui y pousse.

Mon choix
Je suis parti ne sachant absolument pas quelle plante j’allais choisir. Tout d’abord je vois une petite fleur jaune pétant, magnifique, isolée, plus belle que les autres, et préparant une autre fleur. Je continue et je vois l’orchidée très, très belle, puis un petit chêne, pas plus haut que 25 cm de hauteur, très touffu et plein de vie. Continuant à marcher, avec Nina et Florine, tout à coup, un craquement de branches, et pendant 4 secondes qui n’en paraissent qu’une, un chamois file sous nos yeux ébahis.

On peut voir une très belle fleur, la couper et l’emporter chez soi. Rapidement, elle mourra. On peut aussi l’observer un moment, pour de vrai, et la laisser vivre !
C’était aussi intéressant de voir qu’une mauvaise herbe n’en est pas une en soi.

Puis de retour à la Coudre, nous avons défini, sur le dallage en tête de chat, devant la maison, différentes sections. Ces sections étaient en analogie avec les niveaux que nous avions définis sur la propriété. Nous avons ensuite relevé les noms des plantes des différentes sections. Plus ces sections se rapprochaient de la « forêt », plus il y avait de plantes différentes. Tout en répertoriant les plantes, nous tenons compte du climat (du vent, du soleil et des nuages ainsi que de l’altitude…). Nous avons donc choisi trois champs différents où nous avons relevé les plantes et le PH du sol. Nous avons ainsi pu constater que plus le sol est acide, plus la diversité des plantes diminue.

Olivia S. 10ème

Olivia S. 10ème

Le groupe « marche en montagne« :
La montée de Vallorbe s’est faite à l’ombre de la forêt. De temps en temps nous avions une vue ouverte sur la vallée. L’arrivée à la cabane vers midi était une merveilleuse surprise. Elle se trouve au sommet d’un pré multicolore : gentianes bleues, primevères sur tige …
Après avoir dîné, et déposé les bagages, nous sommes partis faire le tour du cirque du Mont d’Or. Paysages variés : en haut, tenue en haleine par les vents, la végétation rampe, tortueuse le long des rochers, en bas elle se hisse vers la lumière.
Il y a eu trois pauses de peinture d’une heure chacune, à trois endroits différents.
La journée s’est finie par une aventure : un chemin perdu sous des éboulis. Une pierre sur un crâne, un long détour mais grâce aux garçons cuisiniers—qui se sont mis à la tâche après avoir pris jusqu’au bout le chemin des chamois ! tout s’est terminé dans une bonne ambiance, chaleureuse, à la senteur des spaghetti cuits au feu de bois.
La soirée passée autour du feu s’est éteinte dans une nuit réparatrice secouée par les hululements du vent.
Au matin, après petit déjeuner, rangement, bilan autour d’une table, nous sommes redescendus dans la brume, qui n’a pas empêché encore quelques aquarelles de surgir ça et là.

Alain Klockenbring
La diversité des thèmes proposés, l’intérêt et la curiosité montrés par les élèves, ainsi que la compétence des personnes rencontrées firent de ces journées une grande réussite. Le collège des grandes classes est très reconnaissant à Monsieur et Madame Romang qui ont pris en charge l’organisation technique de deux de ces activités. Nous espérons, que pour une nouvelle cuvée, nous trouverons à nouveau l’aide nécessaire.

Frédéric Faes
publié dans la revue «La Vie de l’Ecole» de la St-Jean 2002